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La semaine de la robotique

Réseaux d’éducation prioritaire Havez et Rousseau à Creil

Voilà, le grand moment est arrivé, après des semaines de préparation, les élèves installent leurs ateliers. La tension est palpable, les gestes sont précis, certains répètent leurs discours. Il va falloir que le robot fonctionne mais surtout il va falloir expliquer les défis aux autres, les grands, les petits, les collégiens, les parents, ceux d’un autre établissement.

Tout a commencé au mois de Novembre, les élèves ont vu arriver dans leur classe une douzaine de robots et un professeur de collège ou un jeune étudiant stagiaire polytechnicien. Pendant 6 semaines, ils ont appris à faire fonctionner ce robot, à lui donner des ordres, et découvert un nouveau langage, celui de la programmation. A chaque niveau, son robot, beebot pour les MS et GS des 9 classes de maternelles qui participent au projet, les légo wedo pour les 4 classes de cycle 2, légo spike ou mindstorm pour les 8 classes de cycle 3, Mindstorm, Mbot et drone pour les quatrièmes du collège Rousseau et Microbits pour les troisièmes du collège Havez. Au total, 25 classes concernées 2 collèges, 5 élémentaires et 3 maternelles.

Une fois le langage découvert, le plus dur reste à faire : imaginer des défis à proposer à d’autres élèves. Comment programmer le robot ? Dans quel environnement le faire évoluer ? Comment expliquer le défi ? Comment le rendre réalisable par des élèves qui, certes, ont déjà fait de la robotique mais avec un autre robot, un autre langage ? Comment changer les variables pour rendre le défi plus simple pour certains, ou plus complexes pour d’autres ? Pour les plus grands, comment s’adresser aux plus petits ? Pour les plus petits, comment rendre mon défi intéressant pour les plus grands ? Pendant une période, entre 4 et 8 semaines, élèves, enseignants et polytechniciens préparent ces ateliers. C’est beaucoup de travail, beaucoup de stress pour être prêt à temps mais aussi source de nombreux apprentissages pour les élèves. Il faut mesurer les distances, le temps, manier les langages, l’algorithmique, réinvestir ce que l’on a appri, rédiger son discours, les indices, s’entrainer à présenter…

Et puis au mois de mars, c’est le jour J, on rencontre les élèves d’une autre école, des inconnus pour la plupart, des grands qui nous impressionnent, des petits qui ont l’air de maîtriser leur domaine, des parents venus en nombre pour nous regarder, pour voir en vrai ce que leurs enfants leur racontent. Les ateliers commencent, la moitié des élèves restent à leur stand pour présenter pendant que le reste de la classe va explorer les défis proposés par les autres classes. Une obligation avant de commencer, se présenter, « bonjour je m’appelle… et toi ? ». La timidité ne dure que quelques minutes et puis on oublie, on passe aux choses sérieuses, on fait tout pour relever les défis. On essaie, ça ne fonctionne pas, on change des paramètres, on positionne le robot autrement, on redemande une explication, on recommence, on apprend…Les groupes tournent. On change, les présentateurs deviennent explorateurs et inversement. On a hâte de découvrir tel atelier qui nous fait de l’œil. Le stress est retombé. « Ils sont sympas finalement ces troisièmes », « J’ai adoré le défi avec le capteur de couleur », « Eux aussi leur robot peut détecter la ligne noire… ». 75 élèves dans la salle, 50 robots, 50 tablettes, on bosse façon workshop. C’est une vraie ruche, et pourtant c’est calme. Il y a de l’émulation mais tout le monde est au travail. Arrive le moment de se dire au revoir mais tous ont envie de rester. On se retrouve l’année prochaine.

Je garde en mémoire :
• Les 70 parents venus tout au long de la semaine, nous ont exprimé leur fierté de voir leur enfant capable de tant de prodiges. Ils nous ont aussi beaucoup remercié pour notre investissement, enseignants, premier second et degré, coordos, stagiaire polytechnicien.
• Les enseignants fiers de leurs élèves.
• Les enseignants premiers et second degré qui travaillent ensemble sur les progressions.
• Les stagiaires polytechniciens qui mesurent les progrès des élèves pendant leur 6 mois de stage.
• Un collègue dont toute l’école est engagée sur une stratégie d’école axée sur l’empathie qui me dit : « Quand mes élèves de CP/CE1 savent qu’ils vont rencontrer des élèves de maternelles et qu’ils doivent se mettre à leur place lors de la préparation des ateliers, on fait travailler nos neurones miroirs ! »

Mise à jour : 7 mai 2024