Collèges Lacordaire de Charmes et Wresinski de Tergnier
vendredi, 12 novembre 2021
http://innovation-experimentation.ac-amiens.fr/039-des-seances-de-cours-a-l-affiche-dans-un-cinema-virtuel.html
Une approche innovante vécue pendant la continuité pédagogique. Ce n’est pas moins de 160 élèves issus de deux établissements privés de l’Aisne (Tergnier et Charmes) qui ont participé à des séances de « cinéma virtuel ». Comment est-ce possible en période de confinement ?
Cette période de confinement a nécessité de prendre en compte de nouvelles contraintes et de revisiter nos habitudes pour envisager des pratiques novatrices. C’est souvent l’analyse du contexte et une approche globale qui sont vecteurs de réussite des projets engagés. Dans ces conditions, ce professeur de sciences-physiques en collège revient sur une pratique pédagogique mise en place pour assurer la continuité pédagogique de ses élèves. Quelle est la situation ? Il a tout d’abord pris en considération les retours des parents avec des contraintes spécifiques pour gérer la continuité pédagogique de leur enfant : la prise en main complexe d’outils numériques qui se sont démultipliés, des installations de logiciels ou applications difficiles à paramétrer, une connexion impossible le « jour J à l’heure H », le partage des écrans à plusieurs dans le même foyer, des visioconférences ou des classes virtuelles qui ne privilégient pas les petits groupes, la difficulté d’aborder l’ensemble des exercices proposés pour quelques élèves alors que d’autres désirent parfois en faire plus. Professeur de sciences-physiques dans deux établissements géographiquement proches, cet enseignant accompagne 8 classes de la sixième à la troisième. C’est aussi une contrainte de pouvoir assurer la continuité pédagogique de 160 élèves différents. Les objectifs sont majeurs : réduire les facteurs qui pourraient influer sur le décrochage scolaire et mettre en place une stratégie « d’accompagnement à distance » qui pourra être reproduite dans des situations analogues.
Il n’y a que le cinéma qui soit capable de proposer un espace accessible au plus grand nombre, de tout âge, dont le contenu puisse être vu et revu, à des horaires différents, qui permette de changer de salle si le film à l’affiche n’est pas à la hauteur des attentes. Parfois, ce sera l’inverse, nous revenons voir le même film plusieurs fois car plusieurs subtilités nous ont échappé. Nous sommes tous guidés et conseillés par les employés du cinéma (vendeur de billets, placier) qui nous accompagnent pour vivre la meilleure expérience. L’analogie est forte entre la séance de « cinéma » et la séance de « cours de sciences-physiques ». Et pourquoi ne pas proposer aux élèves de choisir des « séances de sciences à l’affiche » comme au cinéma ?
En conséquence, l’enseignant a mis en place un système de « cinéma virtuel, avec 7 films à l’affiche, sur des horaires différents et accessibles par réservation ». En fait, pour les collégiens, s’inscrire à « une séance de cinéma » signifie en réalité accéder à une classe virtuelle de sciences-physiques animée par le professeur.
Dans le plan de travail fourni aux élèves chaque semaine, l’enseignant a proposé un planning avec « 21 séances de films à l’affiche » en prenant comme prétexte la saga Star Wars.
L’ensemble des 160 élèves a pu accéder à 7 épisodes différents. Comme dans un cinéma, chaque séance était proposée sur 2 ou 3 horaires différents (pour pallier les problèmes de connexion ou de partage de matériel dans le même foyer). Lors de la lecture de l’affiche, les élèves étaient guidés afin de pouvoir choisir un épisode « à leur niveau », mais ils pouvaient se tester sur un niveau plus complexe ou se rassurer sur un niveau plus abordable. La différenciation pédagogique est donc centrale. L’élève peut s’auto-positionner, ce qui nécessite un engagement de sa part. De plus, pour participer à une séance de cinéma, il était nécessaire de contacter le professeur pour « réserver » une place.
L’objectif est alors de susciter un premier échange avec le professeur pour valider le choix ou accompagner l’élève vers une séance plus adaptée. C’est également cette stratégie de « réservation » en amont qui aura permis d’équilibrer les séances afin de ne pas les surcharger (maximum 10 élèves). Pour les élèves, le contrat était de participer à une séance d’1h par semaine. Cependant, avec cette organisation, plusieurs élèves ont assisté à plusieurs séances et d’autres ont voulu revenir participer à la même séance pour consolider des connaissances non acquises. Pour se repérer les séances abordaient le thème de l’« Organisation et transformations de la matière » de manière graduée :
La séance réserve 10 min à l’accueil du groupe d’élève (faire le lien est essentiel), 35 min à l’analyse d’une carte mentale de manière collaborative avec les outils de partage offerts par les services du CNED (partage d’écran, de document, écriture, pointeur, formes géométriques), puis 10 min sont utilisées pour que les élèves testent leur apprentissage par le biais d’un texte à trous (maximum 6 mots déjà proposés qu’il faut replacer en « live »). Les 5 dernières minutes permettent à tous de se quitter dans de bonnes conditions. Les classes virtuelles ont été proposées sur 2 semaines. Une première semaine d’« initiation » et une seconde nommée « perfectionnement » ( afin d’accueillir sans stigmatiser les élèves non connectés la première semaine). La troisième semaine a été consacrée à la fixation des connaissances. Les cartes mentales ont été diffusées, les textes à trous également. L’établissement possède les licences nécessaires pour partager les documents, mais vous pouvez retrouver les cartes mentales en libre accès. Chaque élève devait alors compléter les textes à trous en lien avec les classes virtuelles auxquelles il avait participé. Le feedback est assuré par la correction et le retour du professeur sur l’implication de chacun via la messagerie de l’ENT.
Cette pratique pédagogique a été proposée à 160 élèves. 102 réservations ont été effectuées, soit 64 % des élèves se sont inscrits.
Le contrat était de participer à 1 classe virtuelle par semaine.
Il y a eu 35 réservations supplémentaires pour 16 élèves.
10 % des élèves ont donc assisté à au moins une séance en plus.
Ce sont donc 137 épisodes vus dans 21 séances différentes.
Il y a eu en moyenne 7 élèves par séances.
Par exemple, lors d’une séance d’un niveau de classe de 4e, j’ai accueilli principalement des élèves de 4e, mais également des élèves de 5e qui désiraient découvrir un niveau plus complexe et des élèves de 3e qui avaient besoin de consolider des connaissances plus anciennes. Les élèves connectés provenaient de deux collèges différents, mais ils se connaissaient déjà. Cette approche est cohérente avec d’autres projets ou « moments forts » communs co-élaborés entre les deux collèges comme la participation commune à la « Fête de la Science » ou encore le « Cross ELA ».
Pour conclure, l’objectif de ces séances étaient de pouvoir proposer une réponse adaptée aux attentes des élèves face aux contraintes des familles dans un contexte singulier. L’engagement pendant les classes virtuelles, le taux de participation, les échanges nourris via la messagerie entre les élèves et le professeur, ainsi que le nombre de travaux rendus (textes à trous) sont les principaux indicateurs de terrain qui prouvent que cette initiative a été une réussite. Cette expérience vécue pendant la continuité pédagogique s’intègre dans l’ensemble des initiatives partagées par les enseignants qui ont cherché à mettre en place « une action pédagogique caractérisée par l’attention soutenue portée aux élèves, au développement de leur bien-être, et à la qualité des apprentissages ».